Elle arrive un peu tard peut-être, cette question, non ? Bon en fait, c’était pour éviter de vous faire fuir dés le début :).
Alors, pour les plus curieux, et les plus téméraires, voici un tout petit « extrait » du Mémoire de Tatie Ô, pour tenter de vous éclairer sur ce sujet bien passionnant :
« Le slam est né à Chicago, en 1984, au « Get Me High Lounge » puis dans un bar de jazz appelé le « Green Mill Club » (ancienne retraite d’Al Capone).
Marc SMITH, alors simple entrepreneur en bâtiment, eut l’idée, afin de donner un nouveau souffle aux scènes ouvertes de poésie, d’organiser une compétition tous les dimanches soirs et d’y faire participer le public. En effet, les traditionnelles déclamations de poésie lui paraissaient très ennuyeuses, académiques et élitistes ; les poètes venaient surtout pour s’écouter et n’écoutaient pas les autres.
Un des buts de cette « compétition » : créer une certaine émulation. Le public, pouvant à la fois être acteur et spectateur mais aussi « jury populaire ». Ainsi, le jury désigné au hasard par l’organisateur de la scène slam a pour mission de noter la prestation des poètes. Marc SMITH a établi un cadre et des règles à ce nouveau concept : les prestations doivent être déclamées a cappella, sans accessoire, sans costume et ne pas durer plus de 3 minutes. Lors des Tournois de slam, le fait de dépasser les 3 minutes entraîne effectivement une pénalité.
Ainsi, l’idée de Marc SMITH suscita un engouement populaire et se propagea d’abord à New York, puis dans le monde entier.
Selon les contextes sociopolitiques des pays, le slam a pris davantage d’ampleur dans les pays où le climat politique était « agressif » ; c’est notamment le cas de Boston : « Le climat politique agressif de Boston en 1992 favorisa l’essor et le succès du slam en Nouvelle-Angleterre« .
Phénomène mondial, le slam existe effectivement sur tous les Continents.
Le slam, et le poète en particulier, qui s’inscrivent dans la vielle tradition des arts oratoires, auraient également un rôle « politique », à l’instar de l’une des fonctions des troubadours de l’époque médiévale ; Manuel BOUCHER dans son livre « Rap, expression des lascars – significations et enjeux du rap dans la société française », écrit dans le cadre d’une recherche-action, évoque en effet la fonction politique des troubadours : « L’histoire de la musique revendicative en France est très ancienne. En effet, depuis très longtemps, en Europe, à l’époque médiévale notamment, la chanson apparaît comme le moyen le plus efficace pour faire passer des messages. Les troubadours construisent ainsi au XIIème et au XIIIème siècles, des chansons politiques. Le prosélytisme passe et se transporte par la chanson. Ainsi, le troubadour peut apparaître comme un agent de liaison entre la musique et la sociabilité. Il fait de la poésie politique, poésie qui s’inscrit dans le trio que forment le troubadour, le mécène et le public ».
En France, c’est dans un quartier d’un certain genre de « troubadours » : le quartier de Pigalle que le slam a fait son apparition à la fin des années 90, avec un « âge d’or » dans le début des années 2000.
Et, la sortie du film Slam en 1998, dans les salles françaises a été un élément médiatique qui a fait connaître le mouvement Slam en France.
Les premiers slameurs français sont parisiens ; il s’agit notamment de Pilote Le Hot (déjà cité dans ce mémoire et qui sera encore souvent cité), Nada, Mc Clean, toxicomanes à l’époque, orientés par leurs psychologues vers les scènes slam, dans une optique thérapeutique.
C’est ce qu’a confié Grand Corps Malade à la journaliste Sylvia ZAPPI, lors d’une interview : « … La légende veut que le slam soit né aux « Narcotiques Anonymes », dans un atelier d’anciens toxicos qui ont commencé à dire leurs textes à haute voix ».
Considéré comme un mouvement de poésie orale contemporain, le slam n’est que la continuité d’une tradition de transmission orale qui a toujours existé à travers les siècles et les Continents ».